Wednesday, June 26, 2013

Les Frères Zeno

Le "Blog Gallica" de la Bibliothèque nationale de France rappelle aujourd'hui un chapitre méconnu de l'histoire de l'exploration des Amériques.  En 1558, le Vénitien Niccolo Zeno fait publier le récit de voyages que deux de ses aïeux, les amiraux Niccolo et Antonio Zeno, auraient entrepris dans l’Atlantique nord vers 1580.  Ces marins auraient fait escale en plusieurs îles, atteignant meme Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse actuelle.  Il fait en même temps paraître une carte des terres explorées.

La carte Zeno ou Carta da navegar de Nicolo et Antonio Zeni furono in tramontana l’ano MCCCLXXX,
fac-simile, 1818. Bibliothèque nationale de France, département des Cartes et plans, GE D-7646.
Le récit et surtout la carte connurent un succès immédiat.  L'explorateur Martin Frobisher emporta avec lui une copie de cette dernière lors de ses expéditions arctiques des années 1570.  Il s'agissait cependant d'une grossière supercherie.  Vous en trouverez les details sur le blogue susmentionné ou à la notice que le Dictionnaire biographique du Canada consacre aux Frères Zeno.

P.-F.-X.
 

Thursday, June 20, 2013

Le Griffon in the NYT


Photo: David J. Ruck/Great Lakes Exploration Group, via Associated Press.
It's not often that the New York Times publishes a story related to the history of New France.  I'm happy to report that the search for La Salle's Griffon has made it into the realm of "all the news that's fit to print".  I'm slightly annoyed by the fact that they anglicised the ship's name, but nevermind -- I annoy easily.  The article is an excellent summary of the project and its context.  A few passages to whet your appetite:

"On Friday  [of last week], commercial divers hired by Mr. Libert and his organization, the Great Lakes Exploration Group, began dredging the lake bed adjacent to the beam for the first time. That work continued through Tuesday and has revealed that the beam gets thicker as it goes down, that it was hewed from a tree trunk, that it is at least 20 feet long and that it may well be the bowsprit of a ship — and a very old one at that, based on the 20 feet of compacted sediment it is sitting in."
 
"Probes used on Monday confirmed that there is a larger object below the beam, which the team of experts hopes and maintains might be a shipwreck — though whether it is the Griffin is not yet known."
 
Titillating stuff.  Click here for the rest.
 
P.-F.-X.

Wednesday, June 19, 2013

350e des Filles du Roi

Cette année marque le 350e anniversaire de l'arrivée de Filles du Roi.  Je signalais le fait en début d'année, mais, de fil en aiguille, négligais d'y revenir.  Mieux vaut tard que jamais...

Trente-six femmes ont été choisies pour incarner les 36... (Photothèque Le Soleil, Steve Deschênes)
Trente-six Québécoises choisies pour personnifier les
trente-six premières Filles du Roi en 2013.  Photo: Le Soleil.
En 1663, un premier contingent de trente-six femmes provenant de Paris, du Nord et de l'Ouest de la France, entreprenaient la traversée atlantique et s'engageaient à se marier et à fonder une famille pour contribuer au peuplement de la Nouvelle-France.  La commemoration de 2013 est marquée par une foule de conferences publiques, de colloques, de visites, etc.  La Maison Saint-Gabriel, à Montréal, propose une exposition et une programmation estivale sur la thématique.  Ce mois de juin, on soulignait en France le départ du premier contingent avec une série d'événements à Paris, Rouen, Dieppe et La Rochelle.  Une reconstitution de l'arrivée de ces trente-six premières Filles du Roi aura lieu à Québec dans le cadre de l'ouverture des Fêtes de la Nouvelle-France, le 7 août.  La programmation officielle des Fêtes sera dévoilée le 17 juillet.

Les intéressés trouveront plus d'information sur ce 350e anniversaire sur les sites de la Commission franco-québécoise sur les lieux de mémoire communs et de la Société d'histoire des Filles du Roi.

P.-F.-X.

Thursday, June 13, 2013

Moore on Louisbourg?

Word on the streets is that Christopher Moore is currently attending the annual meeting of the French Colonial Historical Society in Louisbourg.  Perhaps if we ask nicely he'll report on it via his much beloved blog.  How's the weather? 

Moore cut his historical teeth on the famed fortress a couple of decades ago, as some of you will know.  His first book, Louisbourg Portraits: Five Dramatic, True Tales of People Who Lived in an Eighteenth-Century Garrison Town, won the Governor-General’s Literary Award for nonfiction for 1982 and has, I gather, never been out of print since then.  Glancing at my bookshelves the other day, I spotted no less than three copies of it, including one of the French translation.  I wonder how many Canadian history books can boast such a good print run.   Not many, I suspect.  His research and writing has led him down other paths and to other pastures -- no greener, I'm sure, but surely less foggy -- since then.  I wonder, however, if Moore has any more to say on Louisbourg?  This year marking the 300th anniversary of its foundation and all that, and the 35th anniversary (or 36th?) of his involvement with it.  What'd you say, Chris?  Care to share some memories?

P.-F.-X.

Monday, June 10, 2013

Biographies et portraits

Comme certains d'entre vous -- notamment les lecteurs du blogue de Christopher Moore -- l'auront déjà constaté, l'édition numérique du Dictionnaire biographique du Canada vient de faire peau neuve.  La conception graphique a été modernisée.  Le moteur de recherché a été peaufiné.  On annonce aussi un mode d'opération désormais dynamique : de nouvelles biographies seront mises en ligne à chaque semaine et les anciennes seront de temps en temps corrigées. 

Au nombre des biographies auxquelles on a apporté des corrections, celles de Paul de Chomedey de Maisonneuve, Philippe de Rigaud de Vaudreuil et Michel Sarrazin.  Je n'ai pas repéré, au premier coup d'oeil, le neuf dans la biographie de Maisonneuve.  Dans celles de Vaudreuil et de Sarrazin, une "bibliographie de la version revisée" ne révèle que des modifications mineures, qui s'en tiennent aux dates et lieux de baptême, marriage et décès.


Dépeindre ou ne pas dépeindre, voilà la question!
Ce nouveau DBC incorpore par ailleurs une foule de portraits.  L'idée d'ajouter du visuel à l'écrit me semble excellente, mais elle est ici mal éxécutée.  Les représentations d'époque se mèlent effectivement aux oeuvres ultérieures, fruits de la liberté artistique, de méprises et de malversations.  Afin de donner un visage aux figures marquantes de l'histoire de la Nouvelle-France, les éditeurs ont recours à des tableaux des XVIe-XVIIIe siècles, mais aussi à des lithographies, des huiles et des statues du XIXe siècle et du début du XXe.  La notice de Samuel de Champlain, par exemple, est accompagnée du célèbre portrait  de l'explorateur... portrait qui n'a rien à voir avec l'homme, dans la mesure où l'on sait qu'il est basé sur celui d'un intentendant des finances de Louis XIII, Michel Paricelli d'Emery.  Au pied de cette notice on trouve une douzaine d'autres représentations, les unes aussi peu fondées et anachroniques que les autres. 

Deux poids, deux mesures?  La rigueur des textes du DBC est sans pareil.  Ais-je tort de vouloir que ses éditeurs fassent preuve d'autant de rigueur en matière d'image?  Dans les cas où l'on ne connaitrait aucun portrait fiable d'un personnage donné, la demarche historienne ne dicte-t-elle pas qu'on se contente du mystère?  L'histoire a-t-elle à ce point horreur du vide visuel qu'elle doive à tout prix le combler?  À vrai dire, nous avons ici affaire à une faiblesse généralisée chez les historiens professionnels et le public averti.  Alors qu'on s'évertue à établir, respecter et faire respecter les faits qui s'expriment à l'écrit, on se soucie assez peu de ceux qui s'expriment visuellement.  Le DBC, il me semble, pourrait jouer un rôle important en s'imposant comme outil de référence definitif du portrait canadien authentique

P.-F.-X.

Thursday, June 6, 2013

Two Blogs of Possible Interest

First up is Michael J. Galban's Edge of the Woods.  Galban works for the Finger Lakes State Park  division of New York State's Parks, Recreation and Historic Preservation agency, and more specifically as interpreter at the Ganondagan Site, a reconstructed seventeenth-century Seneca site. His blog contains carefully fleshed-out essays on various aspects of Aboriginal material culture.  Recent posts have covered, for example, the shape of canoe paddles, or Native figures in the art of George Heriot.  Absolutely fascinating stuff.

Also of interest is Jason Melius's

P.-F.-X.

Saturday, June 1, 2013

Une fois, deux fois, trois fois, adjugé?

Sotheby's offrira bientôt aux enchères un intrigant manuscrit intitulé "Essai sur les moyens de transporter à La Louisiane la Peuplade du Canada, En cas qu'on prît le parti de le céder aux Anglois ou de l'abandonner" et en date du 17 décembre 1758. 

Face à l'éventualité de perdre le Canada à la Grande-Bretagne, l'auteur anonyme du mémoire propose de sauver la mise en incitant sa population à se transplanter en Louisiane.  On assurerait ainsi, explique-t-il, l'augmentation de la population de cette dernière colonie; on lui permettrait, du coup, de mieux resister aux Britanniques; on ferait fructifier son agriculture et on multiplierait ses réseaux commerciaux.  L'auteur anticipe divers défis logistiques mais propose des mesures à prendre pour les relever, allant même jusqu'à suggérer que l'envoi de chameaux pourrait faciliter cette implantation canadienne dans les tropiques! 

Il s'agit-là d'un document fort intéressant, mais permettez-moi, chers lecteurs, de douter que celui-ci n'atteigne le prix de vente prévu de 100 000$ à 150 000$ (USD).  L'évaluation me semble un peu ambitieuse.  Comme le concèdent les experts de Sotheby's eux-même dans le catalogue de vente, ce projet de transplantation canadienne en Louisiane n'était pas entièrement inconnu des historiens.  Un résumé de dix pages du meme projet, en date du 27 décembre, avait été identifié dans les archives et analysé par Lionel Groulx dans un article de la Revue d'histoire de l'Amérique française de 1954.

À mon tour de renchérir sur le chanoîne!  Les experts de Sotheby's ne semblent pas le savoir, mais on retrouve une version presque identique de leur manuscrit dans les Archives nationales d'Outre-Mer, alias CAOM, d'Aix-en-Provence.  Il porte lui aussi le titre "Essai sur les moyens de transporter à la Louisiane la peuplade du Canada en cas qu'on prit le parti de le céder aux Anglois ou de l'abandonner" et date du mois de décembre 1758 (FR CAOM COL F4 22 fol. p.1-40).  Ce document n'est pas aussi oublié qu'on pourrait le croire, puisqu'il a été inclu dans l'exposition virtuelle "Nouvelle-France, Nouveaux Horizons", montée par Biblothèque et Archives Canada en 2004.  Les intéressés, et j'espère que les experts de Sotheby's et les acheteurs potentiels de leur manuscrit seront du nombre, peuvent examiner sur le site de l'exposition une copie numérique de ce mémoire.

P.-F.-X.